Interview d’une camarade internationaliste tchèque de l’YPJ

Pourquoi les femmes internationalistes viennent-elles au Rojava ?

Dans de nombreuses révolutions, la participation internationale a été une partie importante du
processus révolutionnaire, et la révolution du Rojava n’est pas une exception.
Nous vivons une époque de chaos global, il existe de nombreuses crises différentes dans le monde.
Le vrai visage du capitalisme ne peut plus être caché, c’est le capitalisme lui-même qui provoque
ces crises et devient insoutenable. Partout dans le monde, les gens luttent pour des changements et
cherchent des alternatives. La mentalité capitaliste veut nous faire croire qu’elle est la solution
ultime et la plus développée. Mais la réalité nous montre que c’est le système le plus contraire à la
société.
Dans le système confédéral démocratique, qui a déjà 10 ans d’expérience au Rojava, la vie et
l’économie communautaires, la libération des femmes et l’approche écologique sont les trois
principaux piliers de la révolution. Ils nous offrent une alternative réalisable et une solution aux
problèmes sociaux les plus essentiels. Bien sûr, cela ne se fera pas du jour au lendemain et sans
beaucoup d’efforts, de difficultés et de lutte.
De nombreuses femmes du monde entier sont inspirées par cette révolution et viennent au Rojava
pour prendre part à ce processus et rejoindre les YPJ. Rejoindre cette révolution, c’est faire un pas
important dans cette lutte.


Qui sont les YPJ et pour quoi se battent-elles ?

La philosophie d’Abdulah Ocalan est devenue le chemin de la libération pour des milliers de
personnes, et pas seulement pour le peuple kurde. Sa philosophie met une lumière sur une vision
sceptique et sombre de notre avenir et nous donne l’espoir d’une vie plus égale et plus juste.
L’autodéfense est une fonction fondamentale et inhérente à tous les êtres vivants. Les YPG et les
YPJ ont été créés à partir de ce besoin fondamental de défendre et de protéger leur peuple. Mais il
est important de dire que les YPG – YPJ sont essentiellement différents des armées de l’État.
En premier lieu, ils ne protègent les intérêts d’aucun État, ne luttent pas pour l’hégémonie et ne
veulent pas envahir les terres des autres. Ce sont les “Unités de protection du peuple et des
femmes”. La participation est volontaire et toujours liée à l’idéologie révolutionnaire.
Au cours des cent dernières années, le peuple kurde le peuple kurde a été constamment attaqué et a
subi des génocides de toutes sortes. C’est l’État turc, avec l’aide de différents groupes extrémistes
islamistes comme Al-Nusra ou Daesh, et les intérêts des puissances hégémoniques en dessous, qui
veulent effacer les Kurdes de la terre mère et tirer profit de leur ancienne terre.
Mais malgré toutes les attaques, les invasions, les embargos et les difficultés, le peuple kurde a
résisté et n’a pas cessé de lutter pour son autonomie et sa dignité. Ils ont aussi héroïquement vaincu
Daesh et libéré le territoire, aujourd’hui connu sous le nom de “Confédération démocratique de la
Syrie du Nord et de l’Est”.


Qu’est-ce que cela signifie d’être une femme internationaliste au sein des YPJ ?

De nombreuses femmes de différents endroits viennent ici pour participer parce qu’elles se sentent
liées à ces idées.
Le fait même d’être une unité exclusivement féminine est une idée très inspirante et libératrice.
Pendant des milliers d’années, les femmes ont été façonnées et opprimées par la mentalité
patriarcale, forcées de ressembler à des êtres faibles, de se sentir faibles, de toujours dépendre de
quelqu’un ou d’être considérées comme la propriété de l’homme. Une mentalité qui est toujours
présente, et pas seulement ici au Moyen-Orient. Les femmes ont été écartées des sphères sociales,
utilisées comme des esclaves ou des instruments pour produire des enfants et servir l’homme.
Les femmes subissent des violences, et quel que soit le caractère “progressiste” du pays d’où elles
viennent, elles sont tuées et maltraitées.
Être une femme signifie être liée par cette réalité, par notre histoire et par la lutte elle-même.”La société ne sera pas libre tant que les femmes ne seront pas libres” Abdulah Ocalan.
Toutes les femmes doivent savoir comment se défendre, être conscientes de leur force, lutter pour
leur propre libération, protéger leur communauté et se battre pour leur terre.
La plus grande menace pour le Rojava en ce moment est l’État turc qui, main dans la main avec les
extrémistes islamistes, a occupé trois villes du territoire libéré, en utilisant les méthodes les plus
sales et en commettant de nombreux crimes de guerre. Les attaques continuent malgré plusieurs
accords internationaux et avec la présence et le silence des hégémonies mondiales comme la Russie
et les Etats-Unis.
Résister et lutter contre ces attaques, ce n’est pas seulement donner sa propre vie dans la lutte contre
le fascisme, c’est aussi résister à toute cette logique qui est derrière ces crimes et qui gouverne
principalement notre monde aujourd’hui.
Faire partie des YPJ et prendre part à cette résistance est un grand honneur et une grande source de
pouvoir pour toute femme.
Je souhaite que toutes les femmes, qui partagent le besoin de lutter pour la liberté, d’où qu’elles
viennent, participent et rejoignent d’une manière ou d’une autre cette révolution. J’espère que le plus
grand nombre possible d’entre elles pourront au moins comprendre ce qui se passe au Rojava et les
mesures importantes qui ont été prises ici.
L’histoire est maintenant, et nous en faisons partie. Défendons-la !

Heval Ruken de la République tchèque
Membre des YPJ

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