Un message des internationalistes du Rojava

Nous sommes des internationalistes au Rojava,

Nous sommes au coeur de la révolution des femmes.

Nous sommes dans l’esprit de la jeunesse révolutionnaire.

Nous sommes dans le pouvoir des forces de défense des YPJ et des YPG.

Nous sommes dans la construction des infrastructures civiles, comme l’approvisionnement en eau et en énergie.

Vous pouvez nous trouver dans les écoles, les universités, les conseils populaires, les tribunaux et les municipalités.

Nous sommes dans les tunnels, prêt.e.s à défendre les villes contre la supériorité technique de l’ennemi.

Nous sommes dans les “Mala Jin” apprenant des femmes les plus sages de ces terres.

Nous sommes dans les villages, où nous ressentons le véritables sens de la communauté.

Nous sommes dans les camps de réfugiés, où nous voyons l’esprit vivant de la résistance.

Nous rendons visite à des familles qui parlent de la signification de pouvoir vivre sur sa propre terre, avec sa culture et son language.

Nous essayons de partager une petite partie de la réalité d’ici à travers nos reportages et nos points de vue.

Nous avons appris des gens d’ici ce que signifie protéger sa terre, protéger son existence et insister sur ce point jusqu’à la fin.

Depuis le 5 octobre, cette région fait l’objet d’attaques massives. Des avions de guerre et des drones de guerre bombardent les infrastructures essentielles de millions de personnes. En pleine crise alimentaire mondiale, la Turquie a bombardé des silos de blé. En pleine crise énergétique, les usines de traitement du pétrole sont prises pour cible. En pleine pénurie d’eau, les barrages d’eau potable sont attaqués et dans certains endroits, les hôpitaux et les écoles sont détruits par les armes lourdes des fascistes. L’État turc annonce juste après : « Ce qu’ils essaient de reconstruire, nous le détruirons directement à nouveau ». Ces derniers jours, l’Etat turc terrorise particulièrement la population : près de Dirbesiye, 5 femmes ramassant du coton ont été blessées dans les champs, à Til Temir un enfant de 10 ans et un autre de 9 ans ont été frappés à mort, la liste de ces barbaries s’allonge de jour en jour.

Tout cela contre une société qui pendant des années, a combattu ISIS et qui jusqu’à aujourd’hui, assume la responsabilité de la garde de centaines de leaders internationaux d’ISIS, parce que leurs pays d’origine refusent de les reprendre. Tout cela contre une société qui est en deuil de plus de 13 000 personnes tombées dans la lutte contre ISIS et d’autres groupes islamistes. Tout cela contre une société qui a été célébrée comme des « héros » lorsqu’elle était dans l’interêt de certaines puissances hégémoniques internationales. Tout cela contre une société qui lutte pour la vie et la liberté depuis plus de 10 ans, devenant ainsi une lueur d’espoir, la lumière qui montre le chemin dans un monde plein de fascisme et de destruction. Et lorsque cette société ne s’incline pas mais se défend, montre son pouvoir de résistance, la violence de l’ennemi s’intensifie.

Le 1er octobre, jour de la réouverture du Parlement après la pause estivale, au cœur de l’Etat turc, Ankara, plusieurs bombes ont explosé. 2 militants de la « Brigade des Immortels » du Mouvement pour la Liberté du peuple kurde nommés Rojhat Zîlan et Erdal Şahîn ont décidé de passer à l’action, se sacrifiant pour un acte de résistance. Ils sont entrés dans la zone intérieure des Forces Spéciales, responsables de la sécurité du Ministère des Affaires Intérieures de Turquie, ont tiré sur des membres de cette unité et ont explosé avec les bombes qu’ils portaient sur eux.

Pourquoi une telle action ?

C’est la question que se posent celleux qui ne voient pas la terreur quotidienne de la Turquie.

Au Kurdistan du Nord, une guerre systématique est menée contre la société, en particulier contre les femmes. Les viols, les enlèvements et les assassinats sont quotidiens, les féminicides sont courants. Les villages sont attaqués, les cimetières bombardés et profanés, les corps sont envoyés à leurs familles dans des sacs et des boîtes. L’opposition démocratique est détenue ou exilée en masse. Chaque jour, des prisonniers politiques quittent les prisons dans des cercueils, la torture systématique et l’injustice arbitraire font partie de la vie quotidienne.

Au Kurdistan du Sud / Nord de l’Irak, la Turquie mène une guerre vicieuse, d’un genre qui n’a jamais été vue dans l’histoire. La brutalité de l’ennemi et la résistance de la guérilla ne sont pas parralèle. Ils prévoient de briser la guérilla par l’utilisation méthodique d’armes chimiques, d’armes thermobariques et d’armes nucléaires tactiques, mais la guérilla se bat depuis des années à partir de systèmes de tunnels complexes et reste invaincue. Parce que la Turquie ne parvient pas à vaincre la guérilla, ni par des invasions terrestres ni par des attaques aériennes, elle a commencé ces dernières années à renforcer son influence politique dans la région et à intensifier ses réseaux de services secrets.

Au Kurdistan de l’Ouest / Syrie du Nord, la Turquie est une occupation officielle à Afrin, Gire Spi et Serekaniye, des régions qui faisaient partie de l’administration autonome avant 2018. Les Kurdes sont déplacé.e.s de force de ces régions et jusqu’à aujourd’hui, la Turquie y installe des milices islamistes et leurs familles. La Turquie s’allie aux forces islamistes pour opprimer et contrôler les zones occupées et au-delà. Les attaques et les opérations menées par ISIS dans le nord de la Syrie sont surveillées et dirigées par l’État turc, comme la tentative d’évasion de la prison de Haseke en février 2022.

Les deux militants Rojhat Zîlan et Erdal Şahîn ont envoyé un message au monde.

Dans la déclaration du quartier général du Centre de défense du peuple publiée le 1er octobre, on peut lire ce qui suit : « Chacun doit savoir que les membres de la Brigade des Immortels auraient pu, s’ils l’avaient voulu, obtenir un résultat très différent en changeant leur temporalité. Une telle décision n’a délibérément pas été prise (…). Cette action est un acte de légitime défense contre l’inaction** des Droits Humains qui sont bafoués (…); Cette action est un acte de défense contre le mépris des droits de l’homme qui sont bafoués (…) ; contre la pratique inhumaine et la politique d’isolement mise en oeuvre dans toutes les prisons de Turquie et du Kurdistan ; contre l’utilisation d’armes chimiques contre nos forces de guérilla (…) ; contre le pillage de notre nature et l’écocide au Kurdistan ; contre l’oppression du peuple kurde et de tous les cercles démocratiques ».

Depuis le début de la lutte armée du PKK en 1984 jusqu’à aujourd’hui, la Turquie a tenté d’anéantir la volonté de résistance du peuple, et ça été un échec. Ce conflit peut être résolu que par le dialogue et un processus de démocratisation de la région. Tels sont les mots d’Abdullah Öcalan, déjà au temps des premiers cessez-le-feu dans les années 90. Dans ses écrits sur la défense, comme la « Feuille de route pour les négociations » de 2013, il décrit en détail comment une paix durable est possible dans la région. La dernière vague d’attentats montre une fois de plus que la Turquie insiste pour réaliser son rêve neo-Ottoman, en parlant le language de la colonisation et du génocide.

La Turquie est membre de l’OTAN et l’armée qui mène cette guerre coloniale dans la région est la deuxième plus grande armée de l’OTAN.

Le 9 octobre n’est pas une date choisi au hasard. Le 9 octobre 1967, Che Guevara, l’un des internationalistes des plus importants de l’histoire mondiale, a été assassiné. Le 9 octobre 1998 est le jour où Abdullah Öcalan, en raison d’énormes pressions politiques et militaires, a dû fuir la Syrie, ce qui a conduit à une odyssée de 149 jours à la recherche d’un refuge, qui s’est terminée par son enlèvement dans le vol vers l’Afrique du Sud et finalement sa remise à la Turquie. Depuis le 15 février 1999, il est détenu dans un isolement total sur l’île-prison d’Imrali. Pendant deux ans et demi, ni sa famille ni ses avocats n’ont pu le voir, et sa situation n’est toujours pas claire. De nouveau, le 9 octobre 2019, l’invasion de Gire Spi et Serekaniye a commencé, depuis lors la région est sous l’administration coloniale turque. Enfin, cette année, le 9 octobre, la Turquie a attaqué la région de Cizire. 29 membres des forces spéciales de Asayiş, qui sont responsables de la lutte contre le trafic de drogue dans la région, ont été massacrés quelques jours avant la fin d’un entraînement de plusieurs long mois, par une frappe aérienne dirigée.

Pourquoi le monde n’y prête-t-il pas attention?

La colonisation génocidaire du peuple palestinien s’est transformée en une guerre totale et dans le monde entier nous regardons leur résistance. L’État turc voit cette situation comme une opportunité. La Turquie utilise le conflit pour intensifier ses attaques au Rojava, en passant inaperçue. Sans invasion active au Rojava, le monde ferme les yeux, mais la Turquie terrorise la région avec une guerre de basse intensité depuis des années. Bien sûr, la lutte en Palestine est directement liée à la lutte au Rojava, et à l’ensemble du Moyen-Orient. Pour qu’une nouvelle société démocratique se développe, l’occupation doit être surmontée afin que les peuples puissent commencer à vivre ensemble. Cependant, que ce soit au nom du peuple palestinien, kurde ou israélien, la réponse ne peut être davantage d’États-nations, et ne sera pas résolue par les États-nations, ni par l’ethno-nationalisme. Le peuple kurde a entrepris plus qu’une simple lutte pour sa propre libération, mais une lutte plus vaste pour un nouveau mode de vie, une vie libre, un mode de vie pour tous les peuples du monde. Protéger cette lutte, c’est protéger l’espoir d’un monde nouveau.

La Turquie proclame que ces courantes attaques constituent la « première phase de la guerre ».

Cette guerre détruit les bases de la vie de la population, avec des attaques qui affectent les conditions matérielles et immatérielles. La Turquie veut que les gens deviennent des réfugiés et quittent les zones frontalières. La résistance repose ici sur la population. Une terre vide est plus facile à occuper. C’est la tactique utilisée depuis des années, mais les attaques actuelles marquent une nouvelle dimension « totale » de cette tactique.

En bref: Au milieu d’une soi-disant « crise des réfugiés », un État de l’OTAN prend les naturels fondations de la vie de millions de personnes.

Il y a des spéculations sur la prochaine phase de cette guerre. Il pourrait s’agir de l’assassinat ciblé de personnes occupant des postes de direction au sein de l’administration autonome. Provoquant également des soulèvements de la population contre l’administration autonome en raison de la détérioration des conditions de vie. Il est possible que certaines régions soient attaquées plus intensément afin de provoquer des migrations massives. Tout cela est possible. Mais…

Ce qui estcertain, c’est notre résistance, notre conviction et notre clarté.

Ensemble, nous défendons le Rojava.

Ensemble, nous luttons contre le fascisme turc.

Ensemble avec tous ceux qui sont prêts à défendre la révolution de la Liberté des Femmes, de l’Ecologie et de la Démocratie.

Ensemble avec tous ceux qui luttent contre les causes de déplacement et de dépossession.

Avec tous ceux qui défendent nos forêts, nos plaines et nos montagnes dans le monde entier, par tous les moyens nécessaires.

Ensemble avec tous ceux qui crient JIN JIYAN AZADÎ!

Pour tous ceux qui ont emprunté ce chemin avant nous et pour tous ceux qui le suivront. Pour tous ceux qui sont en quête de liberté. Pour la construction d’une nouvelle vie où le capitalisme, le nationalisme et le patriarcat n’ont aucune chance d’exister.

Nous vous invitons tou.te.s à défendre la révolution au Kurdistan avec nous. Les voies et les possibilités sont aussi nombreuses que les étoiles dans le ciel. Le plus important est que nous soyons convaincu.e.s et que nous soyons nombreu.se.x.

Ces derniers jours, nous avons vu des amis sur les cinq continents demander la liberté pour Abdullah Öcalan. Cela nous a donné beaucoup de force et d’énergie – nous vous envoyons à tou.te.s nos salutations révolutionnaires!

Bijî Rêber Apo!

Bijî Berxwedana Rojava!

Que vive longtemps l’internationalisme révolutionnaire!

JIN JIYAN AZADÎ!

Dans l’amour et la connexion,

Vos amis, collègues, camarades de classe

Vos sœurs, frères, filles, fils, petits-enfants, cousines, cousins

Les camarades de vos filles et fils, qui donnent leur vie pour défendre la révolution

Internationaliste au Rojava – 12 Octobre, 2023

P.S.: Nous vous envoyons ci-dessous quelques idées et contacts pour la participation.

Serkeftin!

Texte original publié pour la première fois sur:https://messagefrominternationalistsinrojava.wordpress.com/a-message-from-the-internationalists-in-rojava/


Participer à des actions interrégionales, diffuser du matériel et des dossiers:

defendkurdistan.com

riseup4rojava.org

womendefendrojava.net

Restez informé, suivez et partagez l’actualité de la région:

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